— Attends, c’est « mucus », le premier mot ? Il faut que je trouve l’inspiration à partir de ce mot ? Eh bien…

L’homme resta un instant assis devant son ordinateur. Les bruits de la rue en contrebas ne l’aidaient pas particulièrement à se concentrer, mais l’air frais du mois de novembre lui faisait du bien. Il sentait déjà l’angoisse monter. Trente nouvelles à écrire, une par jour, ce ne serait pas une mince affaire, pour lui qui n’avait jamais vraiment pris la plume.

Au bout de quelques instants, le cliquetis du clavier retentit. Les mots commençaient à arriver, hésitants. La touche Retour arrière servit à de multiples reprises. D’un geste rageur, un paragraphe disparut. Réapparut. La magie de l’informatique. Seul face à son texte, bulle perdue au milieu du chaos de la ville qui se reflétait en son âme, l’homme sentait la lâcheté agripper son cœur. Il allait abandonner…

Mais il se rappela les raisons qui le poussaient à écrire. Il se souvenait de cette nouvelle du maître, La tribu des dix plombes. L’histoire d’un type qui veut arrêter de fumer et fait appel à une société de coaching — si on peut la qualifier ainsi. Il se souvenait de ce qui arrivait à ceux qui abandonnaient, dans ce récit. Et lui, comme un idiot, avait eu la même démarche : il avait demandé qu’on le motive à écrire. Et ils l’avaient prévenu : il n’aimerait pas ce qui l’attendait s’il flanchait.

Le cliquetis du clavier retentit.