La pluie tombait sans discontinuer depuis 10 jours. Pour les habitants de la Ville, c’était devenu une habitude. Les murs des buildings ruisselaient, le macadam ne parvenait plus à éliminer les eaux du ciel, les caniveaux débordaient. Johnson sentait son imperméable lutter pour repousser les gouttes. Chacun de ses pas rapides soulevait une petite gerbe de cette flotte grise et usée.
– Fichu temps. Encore un coup des mégacorpo pour nous inciter à rester chez nous…
Il releva le col de son manteau et accéléra la cadence. Il devait arriver à l’heure à son rendez-vous, sinon tous ses efforts auraient été vains. A travers le rideau de pluie, il aperçut le dinner qu’il avait choisi pour rencontrer son équipe. Ah, « son équipe »… il avait toujours voulu en avoir une. Maintenant, il jouait dans la cour des grands ! Il espérait juste que ce mauvais temps n’annonçait pas quelque revirement shakespearien, le genre de drame qui ne peut se dérouler que sous une pluie battante, comme dans ces vieux films rétro où les inspecteurs traquaient un tueur en série, qui finirait par en emmener un dans la tombe.
Il posait le pied sur le passage piéton, les mains à l’abri dans les poches de son imper, la droite refermée sur le petit Glock qu’il portait en toutes circonstances, quand le dinner explosa.
L’eau disparut un instant, pour être remplacée par une vague de chaleur insoutenable et par une pluie d’éclats de verre.
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