An 1324. Le ciel est clair en ce petit matin de septembre. L’ambiance au camp est grave. On ne sait jamais combien de temps durera un siège, mais Jacques a bon espoir de rentrer vite auprès de sa petite famille. Du moins, il n’a de cesse de se répéter qu’il aura de la chance et qu’il ne finira pas comme son grand-oncle, transpercé par une lance lors d’une charge de cavalerie.
Jacques a dû rejoindre l’armée d’Édouard 1er de Bar pour prendre la ville de Metz. Il n’a pas très bien compris pour quelle raison on devait mener ce combat, mais après tout, on ne lui demande pas son avis. La vie au champ est dure, mais elle comporte son lot de satisfactions malgré tout. Ici, dans le camp, il doute de pouvoir se reposer ou profiter d’un petit feu de bois en compagnie de sa chère et tendre épouse.
Enfin, on sonne ! On leur explique qu’on va attaquer la ville. Pour Jacques, cette décision est étrange, il y a des remparts… comment faire ? On leur donne quelques ordres, on leur fournit des échelles… Jacques remarque enfin que son équipement et celui de ses compagnons laisse à désirer : pas d’armure, pas de casque… une vulgaire épée… Jacques se rassure comme il peut : au moins, il n’y a pas de cavalerie en face. L’image de son grand-oncle lui revient à l’esprit. Est-ce qu’une lance portée à grande vitesse par un destrier a le même effet sur l’homme que le couteau que Jacques plante dans la gorge des cochons ? Il ne parvient pas vraiment à se le représenter. Il n’en a pas vraiment envie.
On donne le signal de l’assaut. Jacques court vers les remparts dans la cohue de ses frères d’armes. Il aperçoit des hommes s’affairer en haut des murs. Il distingue une pièce de métal, allongée, une sorte de gros tube, que l’on pointe vers eux. Jacques a le temps de voir le nuage de fumée s’échapper de la gueule du tube. Jacques a le temps d’entendre le tonnerre gronder. Jacques a même le temps de voir le projectile craché par le tube noir. Mais Jacques n’a pas le temps de plonger sur le côté, et le boulet serpentin lui arrache la tête.
An 1324. Le ciel est clair en ce petit matin de septembre, si on excepte le tonnerre des pièces d’artillerie, utilisées ce jour pour la première fois.
La première apparition notable de l’artillerie a lieu à Metz, de 1324 à 1326, pendant ce que l’on a appelé la guerre des quatre seigneurs. Une couleuvrine et une serpentine ont été utilisées.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Artillerie
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