Caché dans les fourrés au bord de la route, l’homme observait à l’aide de ses jumelles le bâtiment situé au sommet de la colline. Il avait eu la chance de les trouver sur un macchabée que la vermine (des cafards géants, selon les traces de morsure et les œufs pondus dans la chair) avait chopé. Depuis, il ne s’en était jamais séparé, et elles lui avaient sauvé la mise bien des fois.
Il jaugea les lieux pendant de longues minutes : pas de mouvement, pas de traces d’activité (humaine ou animale), pas de menace potentielle. La construction était un simple cube de béton, sans fenêtres, entouré d’un grillage suffisamment haut pour que l’escalader représente un risque. Mais il avait sur lui sa fidèle pince coupante… il songea à tout ce qu’il avait appris depuis l’effondrement de la civilisation, aux changements de priorité dans les possessions. Adieu le smartphone quand la batterie était morte, adieu les romans, adieu les bijoux… et bonjour l’équipement de survie !
Il passa en revue les environs et tendit l’oreille. Il ne savait pas s’il devait se réjouir de la tranquillité des lieux. Il resta immobile encore quelques dizaines de minutes, afin d’être certain qu’il ne tomberait pas sur une créature trop dangereuse pour lui — mais tout était devenu « trop dangereux », de toute façon.
Le chant d’un oiseau le décida. Il avança le dos courbé jusqu’au bas de la colline, là où les bois masquaient encore sa présence. Quelques instants de plus, et il se lança à terrain découvert. La pente verdoyante était celle qu’il imaginait enfant, quand sa mère lui contait les histoires de sa Bretagne natale… une véritable colline de conte de fée, donc. Il espérait que celui-ci ne tournerait pas au cauchemar une fois qu’il serait entré dans l’édifice.
Comme prévu, le grillage n’opposa qu’une résistance de façade, et l’homme se retrouva bien vite devant la porte. Une porte renforcée dans un mur de béton gris. Elle était lourde, sécurisée… mais entrouverte. Il la fit pivoter sans difficulté vers l’intérieur et découvrit une salle qui devait faire office de vestiaire, ainsi qu’un escalier de fer qui s’enfonçait dans les profondeurs obscures de la colline.
Il sortit sa lampe frontale et la fixa sur sa tête, puis s’arma de sa matraque téléscopique. L’exploration ne faisait que commencer.
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