Il passa en revue les différents scénarios possibles (scenarii, le corrigea une ancienne version de lui, du temps où les formes correctes de la grammaire importaient, du temps où on se serait permis de le corriger lui-même, parce que l’usage n’était pas le même partout… comme maintenant, d’ailleurs).
Premièrement, il ne trouvait en bas de ces escaliers rien qui puisse le faire passer de vie à trépas, mais rien d’utile non plus. Il aurait perdu un peu de temps, au pire…
Deuxièmement, il trouvait une nuée de bestioles avides de chair fraîche, de cocons pour leurs petits œufs poisseux, ou même une seule créature mutante, assez grosse pour remplir ces couloirs qu’il imaginait appartenir à un bunker militaire ou un autre bâtiment du genre. Un centre de recherche secret ? En plus du danger, il trouvait quelque chose d’utile, de la ration militaire (durée de conservation illimitée) à la carte de la région…
Troisième et dernière option, il était le seul être vivant dans les murs, et il trouvait un petit trésor : des piles, une gourde à la plus grande contenance que sa Chilly cabossée… évidemment, il préférait ce scénario-là.
Il tendit l’oreille. Pas un bruit, les marches descendaient sur quelques mètres et arrivaient dans un couloir que l’angle du plafond ne permettait pas de distinguer plus avant.
Il prit le parti de refermer la porte — après tout, elle pivotait facilement. S’il avait besoin de fuir en quatrième vitesse, il pourrait l’ouvrir sans souci, et au moins, pas de mauvaise surprise derrière lui.
Le vestiaire dans lequel il se trouvait ne renfermait aucune trouvaille d’intérêt, à part une vieille blouse blanche, rongée par les mites. À part ça, aucune trace d’activité humaine ou animale. Il commençait à se demander s’il n’aurait pas préféré trouver des toiles d’araignées, comme il en avait observé de loin lors de son dernier passage dans une grande ville. Elles enserraient des bâtiments entier, et sa fascination avait été interrompue lorsqu’il aperçut une gigantesque arachnide velue, noire, aussi grande qu’un SUV, remonter sur son fil en traînant un cocon de soie de la taille d’un humain… cocon qui gigotait encore… l’homme avait alors repris son chemin en essayant d’oublier cette vision.
Il entama sa descente. Ses réflexes de survie, acquis pendant ces longs mois à voyager d’un bout à l’autre du pays, le rendaient sûr de lui. Il savait cependant qu’il ne devait pas se montrer trop confiant, au risque de perdre en vigilance. Les escaliers en métal résonnaient sous ses bottes militaires. Il ralentit le rythme, à l’écoute du bâtiment. Rien. Il continua, et la lumière de sa lampe perça les ténèbres du couloir. Au fond, une autre cage d’escalier. À gauche et à droite se répartissaient quatre portes : les étiquettes qu’elles arboraient mentionnaient le numéro du labo concerné. Bien… du matériel en vue. Il ouvrit lentement la première et jeta un bref coup d’œil à l’intérieur de la pièce.
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