Ce petit récit présente les dernières heures de mon personnage de Vampire – Dark Ages à mes camarades de jeu. Ils ont ensuite appris que Hubert était en fait Jana, mon premier personnage, censée être morte 200 ans auparavant. Mais tout n’était qu’une farce, comme toujours avec elle.

Quelques jours après le solstice d’été, Mediaș commençait à retrouver son calme. Les dernières compagnies d’artistes et de commerçants quittaient la ville après le Festival du Solstice, et sans elles, la monotonie du quotidien allait rapidement investir le cœur des habitants.

Les ultimes rayons du soleil caressaient les toits de chaume lorsque le Sang du Prince Hubert de Montmorency anima à nouveau son corps. Ses yeux s’ouvrirent sur l’opulente chambre qui lui servait de refuge, dans une des ailes du château spécialement aménagées pour lui et pour ses visiteurs qui partageaient sa condition. Il sentit sur sa peau la bise d’été qui entrait par la fenêtre que Sheherazina, sa Sénéchale depuis près de deux siècles, avait pris soin de faire ouvrir quelques instants auparavant.

L’homme, d’une beauté surnaturelle, glissa hors de son lit et se rapprocha de l’ouverture qui donnait sur la cour du château. De là, il surplombait une partie de son domaine. Satisfait, comme à chaque crépuscule, de constater que la journée s’était déroulée paisiblement, il se détourna de la fenêtre et s’apprêta à se vêtir pour recevoir son Calice du soir.

Il n’avait pas fait deux pas vers la tenue qui l’attendait sur le coffre au pied du lit que sa cage thoracique éclata sous la puissance d’une main griffue. Baissant les yeux vers la déchirure, il n’eut que le temps de se dire que la laideur de cette extrémité ne laissait aucun doute quant à la créature qui l’attaquait. Déjà, la main se retirait. Montmorency, qui ne devait sa non-vie qu’à l’endurance exceptionnelle de ceux de son clan, fit volte-face pour se retrouver face au Lépreux. Son épée et son bouclier étaient l’autre bout de la pièce, et il savait pertinemment qu’il n’aurait pas le temps de les récupérer avant que l’autre ne lui assène un nouveau coup. Il n’était pas sûr d’y survivre. Cependant, la fenêtre était toute proche. Faisant appel à son Sang pour accroître sa force, il attrapa l’autre à bras-le-corps et se propulsa avec lui au travers de l’ouverture. L’horrible créature aperçut la porte de la chambre s’ouvrir sur Sheherazina au moment de basculer avec le Prince.

Montmorency profita de l’effet de surprise et de la chute pour encore puiser dans ses réserves de Sang. Sa vigueur surnaturelle lui épargna de vilaines blessures, alors que le Lépreux sentait ses os se rompre sous la violence du choc. Profitant d’être au-dessus de son assassin, Montmorency enfonça ses crocs dans la gorge putréfiée et fit jaillir le sang. Le monstre hurla sous l’effet de la douleur, et le Prince planta son regard dans le sien.

– Ne bouge plus, chien.

Les mots résonnèrent dans l’esprit du non-mort, et tout son corps sembla alors comme une poupée de chiffon. Le Prince saisit cet instant de répit pour faire affluer son Sang dans ses bras, et d’un mouvement vif, arracha la tête de la créature.

Se relevant difficilement, le Prince Hubert de Montmorency regarda le vampire tomber en poussière, en se demandant s’il s’agissait là d’une nouvelle tentative de Noriz pour le faire disparaître.

Il se dirigeait déjà vers l’entrée de sa résidence, sous les yeux apeurés des derniers domestiques qui fuyaient la scène, lorsqu’il entendit des pas de course qui ne laissaient présager rien de bon pour la suite de la soirée.

En effet, rapidement, une quinzaine d’hommes en armes, visiblement des mercenaires entraînés, l’encerclèrent. Le visage du Sang-Bleu s’illumina d’un sourire carnassier. Il avait connu bien pire que cela. Qui plus est, Iakov, son Fléau, ne tarderait probablement pas à apparaître. Il serait ravi de récupérer autant de cadavres pour ses expérimentations.

Même désarmé, le Prince de Mediaș ne craignait pas pour sa sécurité. Les lames des humains ne transperceraient pas sa peau, et bien que moins habile de ses poings qu’avec une épée, il savait qu’il en aurait une assez rapidement dans les mains.

Les premiers coups plurent alors. Montmorency tenta de les parer, mais les mercenaires étaient extraordinairement coordonnés. Même lorsqu’il essaya d’insuffler la peur dans leurs cœurs, il se confronta à un cuisant échec. Une volonté avait déjà exercé son emprise sur eux.

Rapidement submergé, le Prince de Mediaș fut contraint de mettre un genou à terre. Interposant ses bras au-dessus de sa tête, il se surprit à prier Dieu de lui venir en aide. Iakov, Tobias, Djabril… N’importe qui.

Les mercenaires trouvaient les failles sous sa garde, les épées tranchaient sa chair. C’est alors qu’il vit Iakov passer l’enceinte du château. Dans un dernier effort, Montmorency se redressa et saisit une lame lancée vers son cœur.

Il aurait pu reprendre le dessus, mais il aperçut une silhouette sur le mur d’enceinte. Il connaissait cette femme. Il savait qu’elle venait récupérer son domaine. Il jura entre ses dents qu’il lui donnerait la Mort Ultime.

Iakov, qui avait suivi le regard de son Prince, se retourna à temps pour voir de trop nombreuses épées le transpercer de toutes parts, dans une manœuvre coordonnée à l’extrême. Nul doute que l’homme dont Hubert avait paré la lame l’avait volontairement placée à cet endroit.

Lorsque l’acier se retira du corps du Prince Hubert de Montmorency, celui-ci mit genou à terre pour une dernière fois, et tomba en poussière…