Detroit, Michigan. 2017.
L’ancien « Maire » de la ville, le plus haut ponte de l’Underground Occulte local, a disparu. Il a été évincé par un homme défiguré dont on ignore l’identité. Les chargeurs le connaissent sous le nom de Skull Face. Il paraîtrait qu’un cinémancien a disparu après s’être moqué de ce nom, comme le fait Rocket Raccoon dans GotG 2. Ou alors, va savoir, le gars a juste chopé une charge majeure et est parti vivre dans le MCU. Bref… l’Underground n’est plus pareil depuis quelques temps…
Le truc, c’est que certains ne l’entendent pas de cette oreille. Une cabale s’est formée pour contrer Skull Face. Ses trois membres ont chacun une dent contre lui. Il faut dire que Samantha n’a pas apprécié qu’il lui tranche la main pour s’en servir dans un rituel occulte. Jonas, ça date de plus longtemps. Il l’a vu apparaître sur le ventre de sa mère lorsque celle-ci accouchait dans leur petite ferme du Kansas, y a des années. Et comme la « sage-femme » qui aidait sa M’man a disparu avec le bébé, ça l’a encore plus marqué… Quant à Declan… Et bien, disons qu’il n’apprécie pas qu’on interfère avec son business… Ce trio disparate se connaît depuis quelques temps, et chacun doit une fière chandelle aux autres. Par exemple, Declan a dégoté son job de garçon de salle à Jonas. Bon, c’est sûr, un club tantrique échangiste, ça fait bizarre sur le CV, mais le gosse s’en moque. Ce qui l’intéresse, lui, c’est son corps à lui, et la meilleure façon de l’entailler. Faut dire que ça lui donne de la puissance…
Donc, ces trois-là veulent faire tomber le nouveau « Maire », mais pour l’instant ils ont assez peu de pistes. Peut-être se cache-t-il derrière le marché d’enfants que Declan a déniché sur le dark web. Ou peut-être que s’ils mettaient la main sur Spark, un informateur qui se cache derrière un masque de diamant, ils pourraient en apprendre plus sur l’endroit où se cache l’ancien maire, et lui soutirer de l’aide. En tout cas, Samantha a eu une vision de la soeur de Jonas. A coup sûr, elle a un rôle à jouer là-dedans… encore faudrait-il la retrouver. Ça fait quoi… 10 ans qu’elle a disparu sans laisser de traces ?
Ou alors, ils vont parler à cette nana qu’ils ont aperçu à différents endroits, toujours une clope au bec, même dans les lieux où c’est interdit de fumer… Elle a franchement un air bizarre.
Mais bon, tout ça, c’est en espérant que ce qui a mis Declan sur la touche de son job de négociateur du DPD, ça soit du passé. Imaginez un peu : son partenaire et lui courent après un serial killer, et ils finissent par lui tomber dessus et l’abattre. Sauf que quelques jours après, son partenaire commence à sacrément changer de comportement, et Declan comprend qu’il n’est plus lui-même, mais qu’il est habité par l’âme de l’autre ordure. Et se retrouve obligé de l’abattre aussi. Vraiment, ce serait bien qu’il soit allé pourrir en Enfer…
Y a quelques jours, j’ai lancé une campagne d’Unknown Armies, le jeu de rôles d’horreur psychologique post-moderne de Greg Stolsze.
Je vais pas vous présenter le jeu plus que ça, mais je voudrais faire un retour sur mon expérience de la première session. Dans cette troisième édition, elle est intégralement consacrée à la création des personnages et du cadre de jeu, l’essentiel des idées venant des joueurs et non pas du maître de jeu.
J’ai à ma table 3 joueurs. Après leur avoir demandé, en guise de préparation, de récolter des images, des petits textes, des diagrammes, tout ce qui pourrait servir d’inspiration, on avait plus de 80 images à utiliser. J’ai imprimé le tout et je me suis pointé à notre lieu de rendez-vous. Un petit rappel sur ce dont parle le jeu, et on s’est lancé. La première étape consistant à définir un objectif pour leur groupe, ils sont rapidement tombés d’accord sur l’image d’un sale type, et tout naturellement, en ont fait leur antagoniste. Simple mais efficace. De cette façon, ils sont bien le grain de sable que j’attendais dans les rouages de l’Underground. Ils ont choisi Detroit, parce que c’est une ville importante, dans laquelle la situation est a priori explosive (faut maintenant que je me renseigne sur Detroit).
Petit à petit, au fur et à mesure des étapes, chacun prenait un élément et le rajoutait au tableau, et créait des relations entre les différents partis. Le côté brainstorming marche parfaitement, dans le sens où les idées des uns servent de tremplin aux autres afin de créer un tout qui convienne à chacun.
Les difficultés rencontrées se sont surtout situées dans les points de règles abordés, puisque la séance fait aussi office de création de personnage. Sur les 3, un seul était familier avec le jeu, et encore, dans son ancienne édition. Une étape en particulier s’est avérée délicate : l’attribution des coches sur les jauges de santé mentale. En effet, chaque jauge correspond à deux caractéristiques. Celles-ci sont opposées : en fonction du niveau de la jauge, l’une sera plus importante que l’autre.
Le problème vient du fait qu’on a l’habitude de répartir des points dans les compétences, mais elles sont rarement liées entre elles. Mais là, impossible de mettre des points en Connect ET Struggle… c’est lié au niveau de la jauge de Violence. Alors, ton personnage a-t-il une grosse expérience de la Violence ou non ? Question piège…
Bon, ce que je ne leur ai pas encore dit, c’est que leurs Identités pourront se substituer à leur niveau. On y viendra lors du premier scénario… Car effectivement, lorsqu’on appréhende ce jeu, et cette méthode de création, vaut mieux se concentrer sur le cadre plutôt que sur tous les aspects techniques (et je remercie les deux comparses qui m’ont ouvert les yeux sur cela lors d’une discussion préalable).
Ah oui, les Identités. C’est un aspect de cette nouvelle édition, qui représente ce qu’EST le personnage. S’il doit être présenté, décrit, qu’est-ce qu’on dira de lui ? J’avais une liste, mais je n’ai pas eu besoin de la sortir. Les 3 joueurs ont assez rapidement trouvé comment définir leur personnage. On a les évidences : Épidéromancien ; Avatar ; Ex-flic… Et puis les trucs un peu plus bizarres mais qui coulent de source. Le joueur de Samantha, par exemple, avait commencé à décrire comment elle voyait les couleurs, ou plutôt comment son esprit les interprétait… bon, bin, c’est parti pour une Identité Surnaturelle qui te donne des informations de temps en temps.
Les idées ont fusé, certaines ont pris, d’autres non. J’ai probablement gardé certains trucs dans un coin de ma tête pour les ressortir plus tard, espérant surprendre mes joueurs. Voici le résultat final :

La mindmap mise au propre
Concernant l’aspect logistique, j’avais amené une feuille de paperboard que nous avons placé sur la table, et le dossier d’images sur la table basse. Clairement, impossible de faire sans, vaut mieux avoir la place pour tout bien visualiser. J’ai apprécié le côté mouvant : chacun allait et venait autour des deux tables… beaucoup moins statique que d’autres jeux. Et on sent bien le dynamisme de ce jeu…
Je suis ravi car l’enthousiasme de mes joueurs était déjà bien présent (sauf un, qui était plutôt sceptique, mais il a changé d’avis), et maintenant, ils sont encore plus hyped et curieux et intrigués…
Première partie dans 7 jours !
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