– Hemoglobin, Beborn Beton
Vampire, la Mascarade, c’était à l’origine une histoire d’hommes et de femmes devenus des monstres et qui s’accrochaient tant bien que mal à cette humanité perdue. Au fil du temps et des éditions, c’est devenu la course à la puissance, et la malédiction qui accablaient les enfants de Caïn avait tout du jackpot karmique. Après tout, qu’est-ce que c’est que de ne plus voir le jour quand tu peux encaisser des tirs de roquette à bout portant ou plier à ta volonté le moindre mortel ? Moi, ça m’allait bien, c’était rigolo. Mais faut dire que ça ne faisait plus trop peur…
Bon, eh bien, avec cette cinquième édition, retour aux sources obligé. Oui, obligé. Parce que non seulement, le cadre de jeu impose de n’avoir pas beaucoup d’anciens vampires (ceux-ci étant attirés à l’Est pour une mystérieuse raison), mais en plus, les règles remettent la malédiction au centre du système.
J’explique : le principe reste le même, on jette un certain nombre de dés, et il faut dépasser la difficulté (maintenant exprimée en nombre de succès à obtenir et non en seuil à atteindre). Là où réside l’ingéniosité, c’est qu’on doit appliquer son niveau de Soif au jet et remplacer autant de dés que de niveaux en Soif. L’échec ou le succès peuvent être influencé par la Bête du vampire, si ces dés font un certain résultat. Ingénieux. Beaucoup plus ingénieux que les Points de sang des éditions précédentes.
En effet, auparavant, l’astuce était de prendre l’historique Génération au maximum, ce qui permettait de disposer de plus de Points de sang (le personnage étant un descendant plus direct de Caïn), et hop, on avait presque jamais soif !! Pour un vampire maudit, ça craint… (enfin, non, et c’était bien le problème). Pour ma part, j’avais un personnage de 6ème génération (oui, les connaisseurs verront que j’ai pas été une gentille vampire), eh bien autant vous dire que c’était peinard…
Là, plus possible : on a toujours soif, sauf quand on vide un humain de son sang. Et ça, c’est mal. Donc on évite.
Pourquoi c’est mal ? Eh bien parce que non seulement, la Soif reviendra vite, mais en plus, ça va faire baisser ton Humanité. Et plus ton Humanité baisse, moins tu ressembles à un humain. Moins tu ressembles à un humain, plus tu risques de violer la Mascarade, et donc, de te retrouver avec la Seconde Inquisition à tes fesses toutes palotes.
Et la SI, elle rigole pas. Non non.
Autre truc pour faire sentir la malédiction et la Soif : intégrer un système pour différencier les différents sangs. Grandiose. Du génie. Les joueurs devraient finir par chercher le sang qui leur correspond, celui qui leur permettra de développer leurs pouvoirs, celui qui les satisfera le plus… et aucune victime n’aura le même goût.
Bon, évidemment, il y a des tentations d’étreindre la Bête.
Il y a quelques jours, j’ai maîtrisé le Kit d’introduction. Je n’ai pas fait trop d’ajustements, j’ai juste ajouté quelques points de règles, et c’est passé crème, comme on dit quelque part. Le groupe était mixte niveau expérience du jdr, sans vétéran, et toutes et tous découvraient le monde des ténèbres.
Les retours sont bons, l’expérience a visiblement donné envie à certains de creuser cet univers. Cependant, l’intrigue, comme je m’y attendais, ne suit pas vraiment. Sans m’étendre dessus, le monde dans lequel elle se déroule n’a que peu d’importance, on pourrait très bien être dans NCIS le JDR (j’étais de cet avis, et une joueuse l’a fait remarquer, à la fin). Si les personnages n’étaient pas des vampires, à part une scène tout à fait dispensable, le reste pourrait se passer dans le dernier bouquin à la mode. Dommage. J’ai bien essayé d’ajouter certaines info, ce n’était pas assez.
Du coup, cette histoire de chasse pour étancher sa Soif sortait un peu les joueur·ses de l’intrigue, et les replongeait dans l’ambiance… ce qui est paradoxal, non ?
Cela dit, nous avons passé une excellente soirée, et comme je l’ai déjà écrit, elle a donné envie de creuser.
Pour ma part, je me verrais bien maîtriser une campagne. La création du groupe, dans le livre de règles, permet d’axer sur telle ou telle thématique, et ça, c’est bien. On s’est où on veut aller. Je mixerais même avec la méthode de création d’Unknown Armies 3, tiens…
En résumé, une sortie de Torpeur réussie pour ce vénérable ancien.
Et des designs de perso ultra chanmé.
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